GLOBE-26

尺八
Le SHAKUHACHI, Introduction

Importé de Chine dès le 8ème siècle, le shakuhachi a une très longue histoire derrière lui qui l’a porté au delà de ses propres frontières musicales et géographiques, ayant attiré l’intérêt de nombreux compositeurs, musiciens ou mélomanes d’horizons diverses, et ayant donné naissance à différentes communautés à travers le monde, enthousiastes et très actives.

Cet instrument attire et fascine par sa sonorité riche en couleurs multiples, par sa relation intense au souffle et à la respiration, par la sérénité et la profondeur qui se dégagent de sa musique ancestrale, et son adaptabilité à maints répertoires.

Simple flûte droite assez massive, le shakuhachi est fabriqué dans un pied de bambou Madake à partir duquel sont comptés 7 noeuds, et dont la taille standard d’1 pied (shaku) et 8 (hachi) pouces (54,5 cm) a donné son nom à toute la famille. De forme conique croissante à l‘extérieur, l’intérieur est à l’opposé de forme décroissante avec un diamètre d’environ 2 cm au niveau du trou d’embouchure soit très large comparé à celui d’autres types de flûte, qui induit un rapport particulier à la colonne et au volume d’air, ainsi que le développement d’une technique d’embouchure unique impliquant des mouvements de tête inhabituels dans le but d’obtenir toutes les hauteurs de notes possibles et d’en augmenter le nombre restreint à partir des seuls 5 trous de jeu existants, ainsi que toute une panoplie de modes de jeu spécifiques.

ISSOKU-ON, son d'un seul souffleSASA-BUKI, souffler la feuille de bambou
MAWASHI-YURI, son onduléKOMI-BUKI, souffle haleté
MA, suspension… FUKI-KIRI, souffle tranché

shakuhachi-embouchures

Le répertoire traditionnel, originaire de la période d’Edo (environ 1600-1868) pendant laquelle cet instrument a eu son développement majeur, est issu de la pratique d’une secte de moines Zen itinérants de la branche Rinzai (komuso ou moines “du vide et du rien”), à l’histoire légendaire et chaotique, qui ont eu l’unique privilège de posséder cet instrument et de l’utiliser comme instrument d’éveil (suizen, “souffler le Zen”), partagés entre une pratique martiale et spirituelle, la pratique de la mendicité et des déplacements à travers le pays.

Le répertoire fondamental honkyoku né de ce mode de vie est constitué de nombreuses pièces principalement en solo, fonctionnant sur le rythme de la respiration plus que sur une pulsation rythmique régulière, ayant donné naissance par la suite entre le 18ème et le 20ème siècle à différentes écoles. Ces pièces peuvent être divisées en différentes catégories (pièces pour les services quotidiens, pièces descriptives reliées à la nature, pièces méditatives, etc.) mais elles font toutes l’objet d’une double lecture: au delà de leurs titres évocateurs se manifestent une philosophie et des sentiments humains profonds.

Le shakuhachi n’ayant appartenu à aucune forme orchestrale ou théâtrale pendant cette longue période, est sorti de son isolement et de son contexte spirituel en s’ouvrant à tous les genres musicaux : d’abord en s’associant à la musique citadine à la fin du 19ème siècle, puis de la musique populaire à la musique contemporaine en passant par le jazz, le rock, et diverses musiques expérimentales.